Yves Corbassière artiste peintre

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1966. Croquis de son anniversaire chez Maxim's en compagnie d'Annie Duperey et de  Miss Suède. 1960. Corbassière photographié par son ami Pierre Werbrouck au domaine de Bertaud, à Gassin. 1960. Autoportrait au fusain. Corbassière allongé sur la tombe d'Horace Vernet au cimetière de Montmartre, photographié par Francis Apesteguy, de l'agence Gamma. 1962. A New York où Corbassière va rencontrer ses homologues de l'Action painting. 1960. Portrait dans son atelier, alors avenue Foch. 1960. Ce portrait donne la mesure d'une des toiles réalisées pour l'exposition de Dion: 8m sur 4m.
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1957 - 1977 : Un peintre hors la toile


A l'approche des années 60, tout est en place pour que Corbassière emprunte enfin la voie de la peinture qui l'attire depuis si longtemps. Il manque juste l'étincelle. Elle va comme souvent jaillir d'une rencontre, celle avec Jeannette Leroy, en 1959 à Mégève, où Corbassière qui vient de finir le décor d'une troupe de théâtre, fait du ski en fin de saison. "A quelques minutes près, nous nous serions manqués", se souvient Corbassière. "Nous étions tout simplement dans la même cabine de téléphérique, au Mont d'Arbois".

Le coup de foudre est décisif. Car Jeannette Leroy n'est pas seulement une jolie femme "aux yeux extraordinaires" dont Corbassière tombe immédiatement amoureux. C'est aussi une fine connaisseuse de l'art contemporain et de ses courants, elle-même artiste et femme du  peintre américain John Leeve.

"Sors de la toile"

Devant les gouaches que Corbassière fait "dans un coin de chalet", Jeannette Leroy s'exclame aussitôt: "Ce n'est pas comme l'école de Paris. Tu sors de la toile. C'est ça, ton style, il faut sortir de la toile".

Corbassière n'attendait sans doute que ces mots-là pour se libérer de ses dernières hésitations et laisser lire cours à une énergie qui s'exprime à grands traits puissants et ne demande qu'à envahir l'espace pictural. C'est ce qu'il appellera "l'offensive gestuelle" et qui le rapprochera des peintres américains de l'action painting.

Survient alors une autre rencontre décisive, avec la chance, cette fois. Son travail séduit un collectionneur qui lui achète tout bonnement… l'ensemble de sa production. Un million de francs de l'époque en poche, une fortune, le couple met le cap au sud  vers Saint-Tropez où Corbassière peut enfin quitter dessin et gouache pour passer à l'huile, acheter des toiles de bonne taille et surtout louer un atelier à la mesure de ses ambitions. C'est le domaine de Bertaud à Gassin, où il peut s'atteler aux grands formats dont il rêve.

La chance, encore elle, ne semble pas vouloir quitter Corbassière de sitôt. Car c'est grâce à ses connaissances tropéziennes qu'il va croiser le chemin de Gérald van der Kemp, conservateur de Versailles mais aussi passionné d'art contemporain. Pressentant un vrai talent, celui-ci s'arrête devant les toiles de Corbassière,  et propose au peintre, qui cherche alors à élargir sa palette technique, de parfaire ses connaissances dans un des ateliers de restauration les plus célèbres au monde celui de Versailles. Et une chose en entraînant une autre, C'est là que Corbassière va rencontrer André Malraux, alors ministre de la Culture, et Michel Parent, alors architecte en chef des bâtiments de France en Bourgogne.
 

Corbassière raconte

 

"A Versailles, on m'a d'abord donné un balai"

"J'ai rencontré Gérald van der Kemp par le biais des nombreuses connaissances que j'avais de Saint-Tropez. Il trouvait extraordinaire qu'un Français peigne comme ça. Ma peinture était nouvelle. Elle sortait de l'école américaine, mais elle était plus chaude. Les Américains travaillaient à l'acrylique. J'utilisais de l'huile, avec une correction de tempera. C'était un moment où j'étais un peu bloqué. J'avais progressé et là, soudain, je ne trouvais plus la technique pour faire ce que je voulais faire. Van der Kemp m'a dit: "Tiens, je t'invite" et il m'a fait entrer dans les ateliers de restauration de Versailles. C'était une chance extraordinaire. Certains ont attendu des années pour pouvoir y pénétrer. J'y ai travaillé trois ans de suite, quelques semaines par an. En arrivant, on a commencé par me donner un balai. Plus tard, j'ai appris la renaissance italienne, allemande, espagnole, et la fabrication de la peinture, les formules. C'est aussi là que j'ai rencontré Malraux. Nous déjeunions souvent tous ensemble."
 

Les trois hommes vont n'avoir de cesse que de faire connaître Corbassière. Ils l'aident à mettre sur pied sa première exposition. Et elle est à sa mesure: il dispose de juin à septembre 1960 de l'église Saint-Philibert de Dijon.  
Corbassière y travaille sans relâche dans l'atelier de Bertaud, auquel la mairie a même adjoint des salles dont elle dispose. Car Corbassière a pris Jeannette au mot. L'espace de la toile ne suffit plus et son travail est à échelle de géant:  quatorze toiles de quatre mètres sur deux et une de… huit mètres sur quatre!
L'exposition va faire date. On encense Corbassière, on le vilipende, on le salue comme un complice. Le livre d'or en atteste. Il est selon les visiteurs des lieux un « génie", un "fou" ou un "sale gosse de la peinture".  

En tout état de cause, Corbassière vient de rejoindre d'un bond tous ceux qui font l'avant-garde des années soixante: Arman, Martial Raysse, Daniel Spoerri et bien sûr Yves Klein avec qui il signe en octobre 1960 la Déclaration constitutive du Nouveau réalisme, qui proclame de "Nouvelles approches perceptives du réel".  

Mais Corbassière décidément, ne tient pas en place. Lui qui aura entre Paris, Saint-Tropez et Mégève, une quinzaine d'ateliers en vingt ans -dont une péniche qui coulera dans la Seine-, rêve déjà d'un espace moins restreint, où il pourrait laisser libre cours à une imagination qui le pousse à davantage d'innovations. La vie va lui donner un nouveau coup de pouce. Son travail est vite connu des riches Américains qui font les beaux jours de la baie des Milliardaires à Antibes où il dispose alors en tant que peintre officiel de la marine nationale d'un atelier dans le phare de l'Ilette.

Cap sur New York

Ces amateurs d'art, très ouverts aux courants contemporains, sont immédiatement sensibles à cette peinture si proche de celle des artistes américains, avec ce petit plus qui fait la particularité des toiles de Corbassière: une couleur plus riche, plus chaude que celle qui jaillit brute des tubes d'acrylique. Un banquier amateur d'art l'invite à New York et c'est sa première exposition outre-Atlantique, à la galerie Thibault, en Madison Avenue, en octobre 1960. Corbassière vient de trouver un terrain à son échelle, celle d'un continent.

Aux Etats-Unis, Corbassière va se sentir chez lui. S'il ne peint que peu sur place, faute de pouvoir se procurer les toiles et les matériaux qu'il affectionne, il trouve enfin ses alter ego, ceux qui comme lui sont séduits par une liberté d'expression  qui semble ne pas vouloir connaître de limites. "Nous n'aurions jamais pu faire ce que nous faisions en France. C'était trop fermé", explique-t-il. D'autres Français comme lui ont déjà franchi l'Atlantique,  à l'instar de Marcel Duchamp qui a depuis longtemps adopté le Village à New York ou Botero. "On a commencé ensemble à New York, se souvient Corbassière. A l'époque, on lui offrait 1.000 dollars par mois pour tout, même pour se loger. Moi, j'ai eu de la veine, un collectionneur m'a tout acheté!"
Corbassière rencontre aussi ses homologues américains: De Kooning, Rothko, dont il connaissait bien le travail pour avoir fait exposé avec eux au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1963,  mais aussi Andy Warhol, Spoerri ou Larry Rivers avec qui ils montent à New York une exposition sur le concept des multiples. "Nous faisions un tableau et des élèves le reproduisaient. Nous les vendions en multiples. Cela avait beaucoup de succès."
 

Corbassière explore alors le champ des expressions nouvelles, multiplie les happenings et dans la droite ligne du Nouveau réalisme, puise son inspiration dans les objets du quotidien, à l'instar de ces portes de chantier récupérées et "résignées" à la hache pour reprendre son expression, ou à même le corps, avec le corps à la façon d'Yves Klein. C'est le pinceau le plus séduisant pour l'homme qui aimait les femmes et qui gravite souvent aux frontières du monde de la mode. On lui connaîtra de nombreuses compagnes top model, dont certaines lui doivent leur carrière, comme Veruschka von Lehndorff qu'il présenta au patron de Vogue ou plus tard Janice Dickinson dont il accompagnera les débuts à Paris.

Car aux Etats-Unis, Corbassière est très demandé, de New York jusqu'en Californie. Il donne d'ailleurs trois ans durant, de 1963 à 1966, des cours d'art dans la très sélect université, l'UCLA. Il va surtout d'exposition en exposition, "sept en un an et demi, un véritable tourbillon", commente-t-il. New York, Palm Beach, Houston puis le Brésil  – il aura le premier prix de la Biennale de Sao Paulo en 1965- se succèdent à rythme d'enfer sur un agenda ponctué de noms de jolies femmes – ses frasques lui vaudront même un mariage forcé- et de collectionneurs parmi  les plus réputés d'Amérique.

Avec Howard Hughes ou Jackie Kennedy

Les toiles de Corbassière séduisent ainsi le très secret milliardaire Howard Hughes, qui vit à l'époque retiré dans le silence, ou le père de Play Boy, chez qui une de ses toiles prend place aux côtés d'un Franz Kline. Il est l'invité de la star du muet Zsa Zsa Gabor, la femme aux 6.000 robes et 3.000 paires de chaussure, croise John Wayne organise des repas de fromage avec… Jackie Kennedy.

Lorsque Corbassière se réinstalle définitivement en France, en 1966, il est un  peintre reconnu, affirmé. Il poursuit sa carrière entre Paris et Saint-Tropez, multipliant des mises en scène et des happenings qui ont laissé quelques souvenirs. Sa fille Caroline, née de sa vie commune avec Catherine Pré et qu'il vient de retrouver, déjà adolescente, l'accompagne souvent dans ces expositions où se mêlent mode psychédélique, fantaisie picturale et avant-garde musicale. Car pianiste hors pair, Corbassière profite du climat des années 60 et bientôt 70 pour explorer la musique dodécaphonique, quitte à jouer la surprise en lançant des balles de ping pong entre les cordes du piano. "J'étais connu comme le loup blanc chez Pleyel".
 

Caroline, la fille de Corbassière, raconte

 

"Il fait installer un Pleyel au centre de la piscine"

Parfois, il m'envoyait un billet d'avion pour venir le rejoindre à Saint-Tropez où il était très souvent. En juin 1969, il avait décidé de faire une grande installation à l'hôtel Byblos. C'était le must parmi les hôtels de Saint-Tropez, sur les hauteurs au-dessus de la baie, dans le style hispanique, avec beaucoup de crépi blanc, il y avait un grand patio tout autour de la piscine. C'est là qu'il a fait son installation. Le public était tout autour de la piscine et dans la piscine, sur une sorte de grand champignon, il avait fait placer un piano à queue noir, un Pleyel. Il y avait de grands candélabres qui projetaient de la lumière sur les murs, c'était superbe. Dans le public, il y avait Rudoph Noureev et Margot Fonteyn. Yves s'est installé au piano, sur le grand champignon, donc, et des centaines de balles de ping-pong sont sorties du piano, rythmant l'improvisation d'Yves, devant le tout Saint-Tropez subjugué. Je dois avouer qu'adolescente, avec mon père, c'était toujours la fête, c'était merveilleux."
 

Les femmes "en collier de perle et vison » en redemandent, même si elles ont parfois dû laisser leur manteau dans les gravats d'une usine désaffectée lors de quelque exposition d'avant-garde. L'homme au chapeau et à l'air canaille multiplie les conquêtes –il a d'ailleurs eu entretemps un fils d'une jeune Anglaise, Mary Calington, en 1962. Il fréquente les grandes tables en galante compagnie -on le verra un temps avec Annie Duperey, par exemple. Amateur de bonne chère, il est accueilli partout à bras ouverts et devient un familier des grands chefs qu'il réunira des années plus tard à sa propre table pour une mémorable soupe au corbeau. Il est aussi à l'origine de nombreux décors de restaurants prestigieux et restaurera entre autres les peintures de chez Maxim's ou le plafond de chez Lasserre.

Toujours passionné de théâtre, Corbassière rejoint volontiers les équipes et participe ainsi au casting de Hair. "C'est moi qui ai insisté pour retenir Julien Clerc et Gérard Lenormand", sourit-il, en se souvenant de la soirée de première, en mai 69, à l'époque où il roulait dans une étrange limousine, flanqué de  deux aides de camp "droit sortis des Tontons Flingueurs", raconte sa fille Caroline. Cette soirée-là lui vaudra une amitié durable avec ... Onassis, un des collectionneurs qui lui seront le plus fidèles.

C'est l'époque où son éternel chapeau noir va finir par lui faire de l'ombre et où sa renommée de mondain va éclipser sa véritable  -et peut-être unique- passion .  "Certains connaissent mon chapeau, mais pas ma peinture", sourit, un brin agacé, Corbassière. Pourtant, le peintre n'a jamais abandonné son opiniâtre recherche, revenant aux sources de l'abstraction lyrique qui est son véritable langage. "Il est le dernier, refusant la facilité du monochrome, préférant le geste, le mouvement; c'est un artiste lyrique", disait de lui Michel Parent, devenu entretemps responsable du patrimoine à l'Unesco.

En 1974, le Palais de la Méditerranée à Nice lui consacre une rétrospective, suivi dans la foulée par le casino  de Monte-Carlo qui expose ses toiles pour l'inauguration de l’Atrium  par Grace Kelly. Mais déjà, Corbassière sent qu'une page se tourne. Lui qui rêve depuis toujours d'une toile sans limite trouve, entre la nébuleuse d'Orion et celle du Crabe qui ont bercé son enfance, un nouveau défi: peindre l'espace.
 

 
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